Les organes de contact et la police utilisent au besoin des instruments dits de « screening ». Ceux-ci servent à identifier systématiquement les possibles critères de risque et à classer les personnes dans les catégories « problématiques » et « non problématiques ». Toutefois, l'utilisation de ces instruments doit être précédée d’une formation appropriée des professionnels autorisés à les utiliser. Dans certains cantons, l’utilisation des outils d’évaluation est déléguée à une unité spéciale de la police cantonale. Les instruments de screening contiennent des questions relatives à des facteurs d’ordre général et fonctionnent comme une liste de contrôle avec des réponses oui/non. Leur objectif est de filtrer les cas qui présentent des indices de développement problématique et qui doivent donc être différenciés et clarifiés spécifiquement – par exemple par un service spécialisé et/ou un psychiatre ou un psychologue. Par conséquent, les instruments de screening ne permettent que d’évaluer la nécessité de poursuivre l’examen et ne fournissent aucune indication sur le risque réel posé par une personne. Contrairement aux outils d’évaluation des risques, il n’est pas nécessaire qu’une personne ait déjà commis des infractions du même type par le passé pour pouvoir recourir à un instrument de screening.
L’outil « Ra-Prof » et le « Screener Islamismus »1 peuvent tous deux être utiles pour le premier examen, la structuration du cas et la planification des premières interventions par l’autorité compétente2. Les deux instruments sont fondés sur un algorithme fixe et leur utilisation ne nécessite pas de compétences forensiques ni de connaissances spécifiques au sujet de l’extrémisme violent. Toutefois, il est recommandé de suivre une formation préalable et l’acquisition d’une licence d’utilisateur est nécessaire. Ra-Prof est utilisé en Suisse par divers organes de contact cantonaux et communaux3 et est disponible en allemand, français, italien et anglais. Depuis 2019, les instruments « DeRa-Prof Islam » et « DeRa-Prof Rechts » sont aussi disponibles. Ils servent à identifier un processus de distanciation ou de déradicalisation. Le principe est le même, mais l’accent est mis ici sur les facteurs de distanciation.
- 1 Selon le canton, d’autres outils d’évaluation des risques, tels que TRAP18 et Octagon, peuvent être utilisés.
- 2 Rohner, Barbara & Ajil, Ahmed (2021). L’évaluation des risques de radicalisation et d’extrémisme violent en contexte carcéral. Fribourg : Centre suisse de compétence en matière d’exécution des sanctions pénales (CSCSP).
- 3 Argovie, Bâle-Ville, Berne, Bienne, Glaris, Schaffhouse, Soleure, Tessin, ville de Zurich, Zoug.